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Une expérimentation sur le remboursement des consultations psychologiques est en cours sur quelques départements français (la Haute-Garonne, les Landes, le Morbihan et les Bouches-du- Rhône) depuis 2018. Les résultats peu probants et les points faibles de cette expérimentation ont déjà été soulignés par une majorité de professionnels. Pourtant, ce dispositif vivement critiqué par l’ensemble des psychologues toutes spécialités confondues est étendu au territoire français depuis avril 2022.

La proposition gouvernementale est de permettre un remboursement de 8 séances de psychothérapie par an aux individus de plus de 3 ans, manifestant des difficultés psychologiques évaluées par un médecin généraliste comme étant d’intensité légère à modérée et faisant référence à de l’anxiété, des signes de déprime, d’angoisse, des troubles du comportement alimentaire ou encore à un problème de consommation de tabac, d’alcool ou de cannabis.                 

Le médecin généraliste orientera ensuite le patient vers une liste de quelques milliers de psychologues référencés, sous certaines conditions, sur le site du gouvernement et auprès duquel il pourra s’adresser à la suite d’un courrier médical. Les séances de suivi psychologique fixées à 30 euros par le gouvernement (40 € pour la première séance d’évaluation) seront alors prises en charge à 60 % par l’Assurance maladie et à 40 % selon l’assurance complémentaire de santé du patient.                                                                                                                                                                                      De notre point de vue, si cette avancée dans la considération de la souffrance psychique par les organisations gouvernementales et de santé publique peut être à soutenir, via la mise en place d’un remboursement de séances de psychothérapie facilitant l’accès au soin psychique pour tout individu, elle annonce un coût qui ne se chiffre d’ailleurs vraisemblablement pas en monnaie. En effet, selon le principe de « ce que l’on gagne d’un côté on le perd de l’autre », pourrions-nous nous demander ce que l'on perd de ce gain des 8 séances remboursées :

  • le respect du code de déontologie des psychologues garantissant la confidentialité de la parole du patient en favorisant un partage d’informations avec le médecin généraliste qui aura connaissance du suivi psychologique ;

  • l’indépendance de pratiquer en créant un cadre d’écoute au plus près de chaque sujet rencontré dans la complexité de son fonctionnement psychique et de son histoire, hors de toute profession médicale ;

  • la nécessité d’une liberté de choix de son thérapeute et de son orientation en maintenant une psychologie multiple et variée au service de la souffrance psychique et non de la paramédicalisation du soin psychique ;

  • une représentation réelle de la diversité des souffrances psychiques et de la singularité de leur manifestation symptomatique, autre que les troubles mentionnés dans le dispositif ;

  • une temporalité psychique nécessitant une durée propre à chacun pour se soigner de traumatismes profonds ou pour que le patient se mette à parler, a contrario de l’illusion d’une guérison rapide en quelques séances ;

  • la reconnaissance envers le métier du psychologue qui est simplement bien différent de celui du médecin, non formé à la psychopathologie et avec lequel nous pouvons travailler en collaboration et sans ordre hiérarchique tel que c'est le cas à l'hôpital ;

  • la considération des principaux acteurs de soins, les psychologues, qui n’ont pas été invités à participer à la réflexion ni à l’élaboration d’un tel dispositif ;

  • la facilité actuelle du commencement d’une psychothérapie, d'un point de vue pratique (se renseigner, contacter le professionnel, se rendre au rendez-vous), au détriment d’un parcours de soins pouvant décourager le patient et alourdir le suivi administratif du psychologue ;

  • la possibilité d’être rapidement écouté au lieu d’être confronté à un potentiel délai d’attente pour rencontrer l’un des quelques milliers de psychologues conventionnés alors qu’environ 78 200 exercent en France, dont 35% en cabinet libéral ;

  • la connaissance qu’un nombre considérable de psychologues adaptent leur tarif aux ressources financières de leur patient pour qu’il puisse être en thérapie et que certaines mutuelles remboursent des séances de psychothérapie sans se référer à ce dispositif ;

  • le sens de la réalité matérielle et des obligations financières d’une profession libérale (loyer, charges, support de communication, matériel, formation continue) en n’autorisant pas le dépassement d’honoraires et précarisant de fait la profession.

 

Dans ce contexte, il apparaîtrait judicieux d’encourager l’accès au soin psychique pour davantage de personnes, en pérennisant la profession par la création, entre autres, de postes supplémentaires de psychologues dans le service public hospitalier, afin d'honorer les missions qui lui sont propres. 

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Le dispositif « Mon psy »

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